Quelque « 5,1 millions de personnes luttent contre la faim » et « 400 000 enfants souffrent de malnutrition sévère » dans le bassin du lac Tchad, théâtre d’atrocités des groupes djihadistes, selon l’ONU.
Ce chiffre de plus de cinq millions de personnes représente « la pire augmentation pour la première fois depuis quatre ans », affirme un rapport du Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) reçu lundi par l’AFP. « Dans tout le bassin du lac Tchad, 10,2 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire », principalement dans l‘Extrême-Nord du Cameroun, dans la région du lac au Tchad et dans la région de Diffa (Sud-Est du Niger), ainsi que dans trois Etats du Nigeria, Adamawa, Borno et Yobe, selon Ocha.
Toutes ces zones sont confrontées – certaines depuis 2009 – aux attaques meurtrières de Boko Haram et de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), issu d’une scission en 2016 de Boko Haram, selon leurs gouvernements. « Après 12 ans de violence, les services sociaux de base et les ressources naturelles déjà limitées sont mis à rude épreuve » dans cet espace, s’alarme Ocha.
« La violence continue de s’étendre et les contraintes d’accès posent des problèmes supplémentaires pour l’acheminement de l’aide », note l’agence de l’ONU. Elle pointe notamment « trois attaques consécutives » menées en avril contre la ville nigériane de Damasak frontalière du Sud-Est du Niger, ayant « visé aussi directement la communauté humanitaire » et « entraîné un niveau de destruction sans précédent et placé des milliers de familles dans une situation critique ». Ces attaques ont été attribuées à l’Iswap.
Répondre « de manière adéquate aux besoins humanitaires les plus aigus », dans la région, nécessitera « 2,5 milliards de dollars » en 2021, mais en juin, « seuls 13% des fonds ont été reçus », selon Ocha.
Le conflit dans le bassin du Lac Tchad a engendré depuis 2009 la plus grande crise de déplacés en Afrique avec plus de deux millions de déplacés et a fait près de 36 000 morts. La région de Diffa au Niger abrite 300 000 réfugiés nigérians et déplacés, fuyant depuis 2015 les exactions des djihadistes, selon l’ONU.