En pleine agitation sociale, le chef du gouvernement libyen d’union nationale (GNA) a nommé samedi un nouveau ministre de la Défense et un nouveau chef d’état-major des armées. Fayez el-Sarraj, a nommé le colonel Salah Eddine al-Namrouch au portefeuille de la Défense et Mohamad Ali al-Haddad, comme chef d’état-major de l’armée libyenne. D’autres changements pourraient intervenir surtout concernant le poste de gouverneur de la Banque centrale du pays qui gère les liquidités de cet État pétrolier.
Ces nominations étaient attendues après la victoire à Tripoli avec le soutien de la Turquie face aux forces du maréchal Haftar, l’homme fort de l’est libyen. Et d’autres nominations sont attendues selon Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut des relations internationales de Clingendael aux Pays-Bas. « Le député, celui qui est devenu ministre, c’est un homme qui est assez jeune et originaire de la ville de Zaouïa, assez importante d’un point de vue tribale et démographique, et c’est un acteur qui n’est pas un islamiste, mais qui est assez pro-Turquie et qui s’est illustré par une certaine efficacité durant les 14 mois d’offensive du maréchal Haftar. »
« Al-Haddad pro-Turquie »
Concernant, le nouveau chef d’état-major de l’armée libyenne Mohamed Ali al-Haddad, originaire de Misrata sa nomination serait une sorte de compensation de la suspension du ministre de l’Intérieur, lui aussi originaire de cette ville. Jalel Harchaoui confirme. « Il symbolise la ville de Misrata mais il ne faut pas imaginer non plus monsieur al-Haddad comme étant un personnage aussi charismatique que Fathi Bachagha qui est le ministre de l’Intérieur qui est en plein conflit avec le Premier ministre, mais surtout ce qui caractérise Fathi Bachagha, c’est sa capacité à mener sa propre diplomatie sur la scène internationale, il ne faut pas du tout s’attendre à ce genre de politisation de la part de al-Haddad, et des supporters de Fathi Bachagha qui sont très en colère de ce qui arrive, ils ne vont pas être consolés ou rassurés juste parce que monsieur al-Haddad est promu et reconnu dans son nouveau poste. »
Le gouverneur de la Banque centrale menacé
D’autres nominations pourraient avoir lieu tellement la grogne sociale et les manifestations continuent ces derniers jours contre la détérioration des conditions de vie. Les regards se tournent notamment vers le poste de « En plein coronavirus, il y a la question du ministre de la Santé, et aussi tout ce qui a trait à l’énergie, il faut savoir qu’un des griefs les plus vifs, les plus problématiques, les plus douloureux pour la population, c’est les coupures d’électricité de plus en plus fréquentes en plein été et en plein Covid », analyse le chercheur. Jalel Harchaoui ajoute cependant : « Le gouvernorat de la Banque centrale à Tripoli, c’est vraiment le poste qui à mon sens est le poste le plus puissant, le plus influent de toute la Libye, et il est possible que cette controverse qui est en train de ronger Tripoli atteigne le bureau du gouverneur. Il était question de changer bien avant les contestations et on risque de se servir des contestations pour justement précipiter ce changement »