Sale temps pour les enfants fragiles dans la capitale malgache. Dans la cuvette qu’est Antananarivo, cette intersaison marque le retour des pics de pollution de l’air. Les fumées des feux de brousse et feux sauvages des déchetteries environnantes asphyxient la ville. La semaine passée, les taux de particules fines enregistrés étaient déjà 5 fois supérieurs aux normes recommandées par l’OMS. Pour les enfants asthmatiques et leur famille, une période difficile démarre.
« Dimanche, on s’est retrouvés aux urgences. » Rova est la maman d’Anjaratiana, 5 ans. Son petit garçon est asthmatique depuis tout bébé. « Ça y est, on entre comme tous les ans dans cette période où l’air est irrespirable à Tana. Et clairement, cela déclenche les crises d’asthme de mon fils chaque année. »
En pleine crise d’asthme, dimanche 26 septembre, ils se retrouvent à écumer les pharmacies pour trouver des médicaments. En vain. « Pendant tout ce temps où on cherchait le médicament, la crise s’est aggravée et il avait vraiment du mal à respirer. C’est ce qui nous a poussés à aller à l’hôpital, et là pareil, rupture de stock, explique Rova. On s’est sentis complètement démunis. Et ce qui est angoissant, c’est qu’on sait que ce n’est que le début de la période de grande pollution à Tana… »
Ce mardi 29 septembre, à l’hôpital des enfants de Tsaralalana, là où s’est rendu le petit garçon de Rova, aucun enfant n’est hospitalisé pour maladie respiratoire.
Une maladie loin d’être anodine
Lova Rakotomalala, pédiatre de l’hôpital, a réalisé une étude en 2020 d’après les données collectées entre 2015 et 2019 sur les petits patients atteints de pathologies respiratoires.
« On a constaté au cours de notre étude que le principal facteur déclenchant des crises d’asthme chez l’enfant reste le virus, développe le médecin. Et dans la situation actuelle d’épidémie de Covid-19, le port de masque constitue un bon moyen pour prévenir les infections virales. Toutefois, il y a d’autres facteurs déclenchants qui sont à l’origine des crises d’asthme, comme les allergènes : acariens, pollen, phanères d’animaux … Il y a aussi la pollution atmosphérique qu’il ne faut pas négliger : cela constitue un des facteurs favorisant la crise. Mais ce qui est compliqué par rapport à ce type de pollution, c’est qu’on a une difficulté à l’éviter. »
Le médecin rappelle que l’asthme n’est pas une maladie anodine et doit être diagnostiquée au plus tôt : « elle peut être mortelle. Les signes qui peuvent attirer l’attention des parents sont surtout un enfant avec une toux sifflante, des gênes respiratoires, donc dans ce cas, il faut consulter immédiatement. »
D’après l’étude de l’hôpital, les formes sévères d’asthme ont été développées surtout chez les moins de 3 ans.