La tension montre entre la Centrafrique et le Tchad, qui accuse les forces armées centrafricaines (FACA) d’avoir tué six de ses soldats ce dimanche. Selon le ministère tchadien des Affaires étrangères, les forces armées centrafricaines auraient attaqué le poste frontière de Sourou, avant d’enlever et d’exécuter cinq d’entre eux.
Le poste de Sourou, dans le sud du Tchad, était tenu par 12 militaires lorsqu’il a été attaqué à l’aube. Un haut responsable des services de sécurité tchadien avance que les FACA poursuivaient des combattants de l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Drassa, un des groupes armés membre de la coalition contre le président Faustin Archange Touadéra. Un « crime de guerre d’une gravité extrême » pour le chef de la diplomatie tchadienne. Dans un communiqué, Chérif Mahamat Zene prend à témoin la communauté internationale alors que la Centrafrique n’a toujours pas réagi à ses accusations.
La Centrafrique accuse régulièrement le Tchad de soutenir des groupes rebelles à partir de son territoire. La rébellion lancée par six des plus importants groupes armés qui se partageaient alors les deux tiers du pays, a échoué à renverser le président Touadéra, réélu fin décembre. Elle a été décimée ou repoussée hors des agglomérations notamment grâce à l’intervention massive de centaines de paramilitaires russes du groupe de sécurité privée Wagner dépêchés par Moscou à la rescousse d’une armée centrafricaine démunie.
Guerre contre les djihadistes
Côté tchadien, une junte de 15 généraux avec son fils à sa tête a succédé le 20 avril à l’inamovible président Idriss Déby Itno, tué au front alors qu’il dirigeait une offensive de son armée contre des rebelles tchadiens venus de Libye. Le Tchad, et son armée considérée comme la plus puissante de la région, est vu comme le pays-clé dans cette partie du continent africain dans la guerre contre les djihadistes au Sahel.
La junte qui a succédé à Idriss Déby, qui dirigeait le Tchad d’une main de fer depuis 30 ans, avait immédiatement dissous le gouvernement et le Parlement, abrogé la Constitution, tout en promettant des élections « libres et démocratiques » au terme d’une période de 18 mois renouvelable une fois.
La communauté internationale s’est largement abstenue de condamner ce que l’opposition a dénoncé comme un « coup d’État » mené par le fils du défunt Maréchal, le général Mahamat Idriss Déby, autoproclamé « Président de la République » à la tête d’un Conseil militaire de transition (CMT). Sous la pression internationale, il a toutefois nommé un gouvernement civil, mais le CMT conserve l’essentiel du pouvoir exécutif.